dimanche 25 novembre 2012

Et vous, vous en pensez quoi de l'avortement?

Bonjour, ou plutôt bonsoir! et oui il n'est que 18h ici, mais 21h chez vous... ;-)

J'ai voulu aborder le sujet de l'avortement aujourd'hui car je suis confrontée à bien des situations au Brésil, qui me font m'interroger à ce sujet.
Je n'ai jamais voulu parler de l'avortement avant, car je crois que je ne me sentais pas prête à exposer mon point de vue à ce sujet.
Comme vous le savez, l'avortement est interdit au Brésil et les Brésiliens sont majoritairement catholiques. Du coup, il est délicat d'aborder le sujet de l'avortement dans ce pays.

Alors pourquoi en parler aujourd'hui? Et bien, pour tout vous dire, je viens de recevoir un post sur ma page facebook à propos de l'avortement. Le message indique que l'avortement " est une erreur qu'il ne faudrait jamais commettre, c'est un cadeau, pas une chose que tu mets et tire quand tu veux." Voilà ce que j'ai ressu cet aprés-midi. Je pense que cette personne a voulu connaître mon point de vue, c'est évident!

Voilà donc ce que j'ai répondu:

 Tu as raison,R, chaque vie est un cadeau. Je veux dire par là que chaque vie est importante. Pourtant, une femme qui decide de ne pas poursuivre sa grossesse fait un choix que je respecte beaucoup: le choix de se respecter, de s'écouter, et faire ce qui est le mieux pour elle.
Personne ne peut juger si ce choix était le bon ou pas, et ce qui est le mieux pour elle (ou pour le bébé).
Ainsi, un avortement peut être considéré comme un acte d'amour, envers elle-même,  envers son conjoint, et envers son futur bébé, car elle sait qu'elle ne pourra pas donner à cet enfant ce qu'elle aimerait lui offrir. Et ce n'est pas ce qu'elle veut. Elle veut créer un enfant au moment où elle l'aura choisi, afin de lui donner le meilleur, c'est ça qu'elle veut. C'est donc un acte juste à cet instant!

Durant mes études de sages-femmes, j'ai participé à des avortements, des avortements pour des motifs médicaux ( malformations du foetus, mise en danger de la vie maternelle...) et des avortements pour motifs personnels. Je peux vous dire que j'ai été bousculée!
Je me rappelle avoir moi aussi jugé ces femmes qui décidaient de ne pas garder ce bébé. "Comment?" J'étais choquée! Je les ai acusé! Je jugeais "facile" de faire l'amour et d'ensuite ne pas en assumer les conséquences. "Pour qui se prenaient-elles?" "Elles peuvent pas utiliser la pilule comme tout le monde!" "Et puis à 13, 14 ans, avoir des rapports sexuels!! C'est beaucoup trop jeune!! Quelle traînée! Tu ferais mieux d'étudier!"
Et je vous en passe des meilleures...Voilà ce que l'on peut parfois aussi entendre de la part d'autres collègues, ou encore de médecins....
Mais à quel moment ai-je écouté cette femme??
Cette femme qui vient pour demander de l'aide, qui se sent désespérée, qui se sent coupable, honteuse...
Je ne l'ai pas écoutée, non, je l'ai jugée. Sans même la connaître, savoir ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent.

Qui-suis je moi pour me permettre de juger cette femme qui a, sûrement, pris la décison la plus difficile de sa vie? De quel droit?

Je crois que chaque femme a le droit de décider ce qui est le plus juste pour elle, et de prendre la décision de poursuivre une grossesse ou non. Nous avons la chance de pouvoir accueillir une vie en notre chair, c'est un réel cadeau de l'Univers. Mais nous avons aussi ce précieux cadeau qui est le libre arbitre. Peut-on faire grandir une vie en soi, contre son grés? Je m'interroge...

Accueillir une vie en soi :
c'est partager tous les jours son corps avec un autre être, différent de soi,
c'est lui parler, lui conter des histoires,
c'est le toucher, le caresser...
c'est partager la nourriture que l'on mange, l'eau qu'on boit,
c'est aussi partager les émotions que l'on vit...
et ce chaque jour durant 9 mois.
C'est un véritable acte d'amour!
Qui serait prêt à cela?

De nombreuses femmes, et jusqu'à parfois mettre leur vie en danger!
Alors, je pense que cette décision leur appartient.


Je veux être à présent la sage-femme à l'écoute, qui répondra avec le plus grand respect, sans jugement à ces femmes qui en auront fait la demande.

Et toi?